"On corrigera ce bug dans le prochain sprint." Cette phrase, vous l'avez déjà entendue ? Moi, des centaines de fois. Et à chaque fois, ce "prochain sprint" devient "le sprint d'après", puis "quand on aura le temps", puis "quand ce sera vraiment critique". Résultat ? Une dette technique qui explose, une équipe frustrée qui passe …
« On corrigera ce bug dans le prochain sprint. » Cette phrase, vous l’avez déjà entendue ? Moi, des centaines de fois. Et à chaque fois, ce « prochain sprint » devient « le sprint d’après », puis « quand on aura le temps », puis « quand ce sera vraiment critique ».
Résultat ? Une dette technique qui explose, une équipe frustrée qui passe plus de temps à contourner les bugs qu’à créer de la valeur, et un produit qui ressemble à une passoire.
Le principe « No Known Bugs » casse cette spirale infernale avec une règle radicale : tout bug passe automatiquement en priorité absolue sur toute nouvelle feature.
Le principe qui dérange (et qui marche)
La règle d’or intransigeante
« Bug discovered = bug fixed before any new feature »
Pas de négociation, pas de « oui mais ce bug n’est pas critique », pas de « on a une deadline importante ». Un bug identifié devient instantanément plus prioritaire que n’importe quelle feature en cours de développement.
Pourquoi c’est contre-intuitif
Dans 99% des équipes, la logique est inverse :
- Les features rapportent de l’argent
- Les bugs « juste embêtent » les utilisateurs
- Les investisseurs veulent voir des nouvelles fonctionnalités
- L’équipe préfère créer que réparer
Cette logique est toxique. Voici pourquoi.
L’équation cachée de la dette technique
Le coût exponentiell des bugs non-résolus
Bug résolu immédiatement : 1h de travail Bug résolu après 1 semaine : 3h de travail (contexte perdu, debug plus complexe) Bug résolu après 1 mois : 8h de travail (impact sur d’autres composants) Bug résolu après 6 mois : 20h de travail (refactoring nécessaire, régression possible)
Mais surtout : Chaque bug non-résolu ralentit le développement de toutes les features suivantes.
L’effet domino dévastateur
- Bug ignoré → Équipe développe des workarounds
- Workarounds → Code plus complexe et fragile
- Code fragile → Plus de bugs générés
- Plus de bugs → Développement plus lent
- Développement lent → Pression pour aller plus vite
- Pression → Qualité dégradée → Plus de bugs
C’est un cercle vicieux qui tue la productivité.
Les 3 défis psychologiques (et comment les surmonter)
Défi #1 : La motivation d’équipe
Le problème : Les développeurs préfèrent créer que réparer. C’est plus gratifiant intellectuellement de construire du neuf que de débugger.
La solution : Le reframing mental Arrêtez de voir les bugs comme des « réparations ». Voyez-les comme des « améliorations produit non-planifiées ».
Changement de perspective :
- ❌ « On doit corriger ce bug chiant »
- ✅ « On va améliorer l’expérience utilisateur sur cette fonction »
Script pour l’équipe : « Chaque bug corrigé rapproche notre produit de sa version idéale. C’est du product improvement, pas de la maintenance. »
Défi #2 : La discipline de priorisation
Le problème : « Est-ce vraiment un bug ou une feature request ? » Cette question fait perdre des heures en débats stériles.
La solution : La règle binaire Si le comportement actuel diffère de ce qui était prévu → Bug → Priorité absolue.
Pas de zone grise, pas de négociation.
Framework de décision ultra-simple :
- Le comportement actuel correspond-il au comportement attendu ?
- Si NON → Bug → Priorité immédiate
- Si OUI mais on veut changer → Feature → Dans le backlog normal
Défi #3 : La pression business
Le problème : « Cette feature est critique pour le client X » ou « On a promis cette fonctionnalité pour la démo de vendredi ».
La solution : L’argument ROI long-terme Présentation au business : « Chaque bug non-corrigé ralentit le développement futur de 15-30%. Corriger maintenant, c’est livrer plus vite les prochaines features importantes. »
Les chiffres qui parlent :
- Équipes « No Known Bugs » : Vélocité stable ou croissante
- Équipes traditionnelles : Vélocité décroissante dans le temps
Les bénéfices cachés du principe
Bénéfice #1 : Amélioration naturelle des pratiques
Quand corriger un bug coûte cher en interruption, l’équipe investit naturellement dans :
- Tests automatisés plus robustes
- Code reviews plus approfondies
- Architecture plus propre
- Documentation de qualité
L’équipe devient proactive sur la qualité par nécessité.
Bénéfice #2 : Vélocité stable et prévisible
Équipes classiques : Vélocité qui décroit avec l’accumulation de dette technique Équipes « No Known Bugs » : Vélocité stable ou croissante grâce à la base code propre
Bénéfice #3 : Moral d’équipe renforcé
Développer sur une base propre = plaisir de développer
- Moins de frustration liée aux workarounds
- Fierté du code produit
- Confiance dans les estimations
Bénéfice #4 : Confiance produit
Stakeholders qui voient zéro bug connu = confiance absolue dans l’équipe technique
Les objections classiques (et leurs réponses)
« On va ralentir les livraisons »
Réponse : « Court terme oui, long terme non. Préférez-vous livrer 10 features buggées ou 8 features parfaites ? »
Données : Les équipes « No Known Bugs » livrent 20-30% plus de features sur 12 mois que les équipes classiques.
« Certains bugs ne sont pas critiques »
Réponse : « Aucun bug n’est ‘pas critique’. Chacun dégrade l’expérience utilisateur et complique le code. »
Principe : Si ce n’est pas assez important pour être corrigé, c’est que ce n’est pas un bug mais une feature request.
« Ça va coûter trop cher »
Réponse : « Corriger un bug immédiatement coûte 10x moins cher que le corriger plus tard. »
Calcul simple : 1h maintenant vs 10h dans 6 mois × nombre de bugs = économies massives.
Les métriques qui comptent
Métriques de santé technique
- Bug backlog : Objectif = 0 en permanence
- Time to fix : Temps moyen entre détection et correction
- Bug generation rate : Nouveaux bugs par sprint
Métriques business
- Vélocité : Points livrés par sprint (doit se stabiliser puis croître)
- Predictability : Écart entre estimé et réalisé (doit diminuer)
- Team satisfaction : Moral de l’équipe de développement
La vérité sur « No Known Bugs »
Ce principe n’est pas une contrainte, c’est un investissement.
Les équipes qui l’appliquent rigoureusement développent plus vite, avec plus de plaisir, et livrent des produits plus fiables.
Le paradoxe : En ralentissant temporairement pour corriger les bugs, vous accélérez définitivement votre capacité de développement.
La résistance est normale. Changer les habitudes de priorisation, c’est difficile. Mais les équipes qui franchissent le pas ne reviennent jamais en arrière.
Question finale : Combien de bugs « pas critiques » traînent dans votre backlog depuis plus de 3 mois ? Chacun de ces bugs vous coûte de la vélocité chaque jour.
Challenge : Testez « No Known Bugs » pendant 1 mois. Mesurez l’impact sur votre vélocité et le moral d’équipe. Les résultats vont vous surprendre.
La perfection technique n’est pas un luxe, c’est un prérequis à la vélocité durable.
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